3 questions à Ignace Incoul, archéologue du Malgré-Tout

© Ignace Incoul, attaché scientifique et régisseur des collections du Musée du Magré-Tout.

Le Musée du Malgré-Tout, avec sa précieuse collection archéologique, a récemment rejoint la Coalition Territoriale du Parc national. Nous avons parlé de cette collaboration avec Ignace Incoul, attaché scientifique et régisseur des collections.

D’emblée, Ignace nous rassure : « les archéologues sont des gens normaux ». Il est vrai que pour le grand public, les archéologues sont perçus comme des êtres souvent mystérieux, qui déterrent des objets étranges et explorent un monde disparu. Pourtant, leur travail démontre chaque jour que le passé est bien présent, affleurant sous nos paysages les plus emblématiques.

Ignace, peux-tu nous présenter le Musée du Malgré-Tout dont tu es régisseur des collections ?

Le Musée du Malgré-Tout, situé à Treignes, est le musée du Centre d’Étude et de Documentations Archéologiques (Cedarc). Cette structure veille sur une riche collection d’objets archéologiques, issue de ses fouilles propres ou confiées en dépôt. Il faut dire que le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse est une terre de choix pour les archéologues ! Le sous-sol y regorge de témoignages d’un passé parfois très ancien. Nous avons même découvert des traces de Néandertaliens, vieilles de 45.000 ans, dans la grotte du Trou de l’Abîme à Couvin. Toutes les époques anciennes sont représentées, depuis le paléolithique jusqu’à l’Antiquité romaine (mon dada), en passant par les âges du bronze et du fer. Le musée a pour vocation de mettre ces objets en valeur au travers d’une collection permanente et des expositions temporaires, au nombre de deux par an. Nous éditons aussi des livres et catalogues et nous organisons de nombreuses activités de découverte et d’apprentissage à destination des écoles et du public familial. Nos animations, stages et ateliers sont organisés dans nos murs, dans notre Parc de la Préhistoire situé à l’arrière du Musée ou directement au sein des établissements scolaires. Le Musée fête en ce moment ses 40 ans, avec une exposition spéciale qui court jusqu’au 30 mars 2025.

Le Musée du Malgré-Tout à Treignes

Pourquoi un musée archéologique entre-t-il dans la coalition d’un Parc national ?

Pour nous, participer au projet était une évidence ! Le Parc national de l’Entre-Sambre-et-Meuse a la volonté de mettre en valeur le territoire et son patrimoine. Or, les paysages que nous voyons en surface sont indissociables du sous-sol archéologique. Le passé archéologique est présent partout ! Quand l’équipe qui a construit le projet nous a contacté en 2022 pour élaborer une fiche-action visant à la préservation et la mise en valeur de 3 sites celtes en forêt, nous n’avons pas hésité : préserver et diffuser ces témoignages, c’est tout simplement notre mission… La décision de rejoindre la Coalition Territoriale, qui pilote le projet du Parc national, c’est une suite logique. J’ajoute qu’en tant que lieu d’animation et d’accueil du public, nous avons un rôle à jouer au sein du réseau d’acteurs qui portent l’image de la région à travers le Parc national !

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ces fameuses fortifications celtes, qui font l’objet d’une action de valorisation par le Parc national ?

Ces fortifications, datées de l’âge du fer, sont ont situées sur des promontoires surplombant des rivières et donc plus faciles à défendre.. L’édification d’ouvrages fortifiés servait à couper l’accès du côté de la pente la plus douce. Beaucoup de questions demeurent sur ce réseau de fortifications. Mais ces sites témoignent qu’à toutes les époques, les humains ont apprivoisé le territoire pour s’y établir. Le but de l’action du Parc national est de les préserver et de les valoriser par des aménagements qui les rendront plus visibles et compréhensibles pour les visiteurs. Nous apportons des informations scientifiques et des conseils techniques à l’équipe du Parc national, afin de faire les bons choix scénographiques. Une particularité de ces sites est qu’ils sont immergés en forêt. Ces dernières décennies, on a découvert de plus en plus de vestiges dans la forêt. On ne s’attendait pas à ce qu’autant de trésors dorment dans l’humus. On se rend compte que la forêt a une fonction conservatoire. En fait, les forêts sont des réserves archéologiques !

Cette action vise à mettre en valeur 3 sites celtes présents dans les forêts du Parc national. Ces vestiges archéologiques exceptionnels consistent en promontoires rocheux sur lesquels ont été édifiés des ouvrages fortifiés, répartis le long de la Calestienne occidentale. Le plus souvent, ces fortifications surplombent un méandre de rivière, s’assurant ainsi une position défensive naturelle. Leur recolonisation par la forêt a rendu ces vestiges moins lisibles, voire inaccessibles. Des aménagements légers permettront d’améliorer l’accès et la compréhension des sites.

Visitez le Malgré-Tout à partir de l’Escale découverte Village de Calestienne

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