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© P. Schillemans

Retrouver des forêts en bonne santé est un défi majeur pour l’avenir de nos écosystèmes. Cela passe par plus de naturalité. Un objectif que poursuivent le Parc national et ses partenaires, à travers leur charte forestière. Celle-ci est fondée sur deux indicateurs-clés : les arbres-habitats et le bois mort. Petite balade en forêt.

En science des écosystèmes, la résilience désigne la capacité des milieux naturels à retrouver leur état fonctionnel initial après avoir subi une perturbation. C’est un mélange de résistance et d’élasticité. Un écosystème résilient est comme une étoffe bien tissée: il parvient à se déformer sans craquer, puis à retrouver sa forme de départ. La solidité du tissu provient de la solidarité des fibres. Dans la nature, ce rôle est joué par la biodiversité.

Pour améliorer la résilience des forêts, le Parc national de l’Entre-Sambre-et-Meuse (ESEM) et ses partenaires misent sur l’accroissement de leur niveau de naturalité. La philosophie qui inspire cette approche est la libre évolution. Elle se fonde sur des données empiriques : laisser les forêts évoluer librement permet d’augmenter leur résilience, mais aussi leur capacité d’adaptation face aux dérèglements climatiques.

Deux paramètres guident le Parc national ESEM est ses partenaires – les communes et le Département de la Nature et des Forêts (DNF) – vers plus de naturalité dans les massifs du sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse : le nombre d’arbres-habitats et le volume de bois mort.

1. Les arbres-habitats : oasis de biodiversité

Dans les forêts du Parc national ESEM, le nombre d’arbres-habitats sera considérablement accru. Un arbre-habitat est un arbre qui abrite au moins un dendromicrohabitat. Il s’agit généralement d’arbres anciens, porteurs de fissures, brisures, lierre, ou d’autres singularités morphologiques qui offrent un abri à de multiples espèces spécialisées, depuis les champignons et insectes xylophages jusqu’aux pics, écureuils et chauves-souris menacées.

Pour augmenter le nombre des dendromicrohabitats et préserver cette biodiversité prolifique dans les forêts de niveau 2 (75% des forêts du Parc national, voir détails ci-dessous), les gestionnaires s’engagent à maintenir 5 arbres-habitats par hectare. C’est 10 fois plus que la moyenne régionale ! Et dans ses 1700 ha de réserves biologiques intégrales (10% des forêts), tous les arbres-habitats sont préservés puisque l’exploitation sylvicole est suspendue.

© Parc national ESEM

©Parc national ESEM

La charte forestière du Parc national : mode d’emploi

Les propriétaires publics et privés qui placent leurs terrains dans le Parc national signent une charte par laquelle ils s’engagent dans une dynamique de gestion qui tend vers plus de naturalité, au profit de la biodiversité et de la résilience de l’écosystème. La charte forestière comporte trois niveaux d’engagement.

  • Engagement de base (niveau 3) : la forêt multifonctionnelle certifiée PEFC. Ce niveau exige simplement le respect des bonnes pratiques en vigueur dans les forêts publiques wallonnes. Il concerne au maximum 15% des forêts du Parc national.

  • Engagement intermédiaire (niveau 2) : la forêt de conservation et production. Les gestionnaires acceptent de préserver davantage d’arbres-habitats et de laisser plus de bois mort sur pied et au sol. Cela concerne 75% des forêts du Parc national.

  • Engagement fort (niveau 1) : la forêt en libre évolution. Cela correspond au statut de réserve biologique intégrale (RBI). Ici, on laisse la forêt s’exprimer, s’adapter et se régénérer librement. Aucune exploitation sylvicole n’est pratiquée dans ces zones.

2. Le bois mort, source de vie

Le second aspect essentiel de la gestion des forêts dans le Parc national, c’est l’augmentation de la quantité de bois mort. Celui-ci est un élément majeur des écosystèmes forestiers sains, résilients et productifs. Il rend de nombreux services à la forêt, aux espèces qui l’habitent et aux humains qui en bénéficient. 

Entre autres bienfaits, le bois mort agit comme une éponge qui retient l’eau dans le sous-bois, ce qui permet à la forêt de mieux résister aux sécheresses. Il entretient une biodiversité extraordinaire (les spécialistes parlent de milliers d’espèces), qui contribue à la résilience de la forêt et constitue un réservoir d’auxiliaires pour lutter contre des ravageurs tels que les scolytes. Le bois mort est aussi une étape incontournable dans la régénération de la forêt, notamment parce que sa dégradation permet de remettre les nutriments à la disposition de la végétation.

Dans les réserves biologiques intégrales du Parc national, la totalité du bois mort est laissée sur pied et au sol (si un arbre mort représente un danger pour les promeneurs, il est abattu et laissé sur place). Et dans la majorité des forêts (niveau 2), les gestionnaires s’engagent à atteindre progressivement un volume de 20 m³ de bois mort par hectare, soit le double de la moyenne régionale.

© Parc national ESEM

Le rôle des forêts pour l’avenir de nos territoires :  un équilibre à trouver.

Chacun sait que les forêts joueront un rôle clé dans la transition écologique au cours des prochaines décennies. Les experts comptent sur leur capacité à capter le CO2 et stocker durablement le carbone dans la biomasse et dans les sols. Nous aurons également besoin des services écosystémiques essentiels que nous rend la forêt à travers la rétention et la purification de l’eau, ou encore l’épuration de l’air. Et avec leur microclimat frais et humide, les sous-bois constituent un refuge qui procure bien-être aux promeneurs, tout en offrant un lieu de découverte et de détente. 

On compte aussi sur les apports économiques de la forêt, à travers les filières du bois-énergie et du bois-matériau. Cependant, il est essentiel de développer ces secteurs sans compromettre la résilience des forêts, car cela mettrait en péril leur capacité à séquestrer le carbone et à s’adapter. Un délicat équilibre à trouver.

Pour rendre tous ces services, des forêts plus naturelles, riches en biodiversité, en (micro)habitats variés et en bois mort de toutes sections, sont plus efficaces. Dès lors, restaurer et maintenir des écosystèmes forestiers avec un haut degré de naturalité constitue un choix stratégique et une assurance-vie pour l’avenir de nos territoires.

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