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Un récent rapport international pointe les liens étroits entre biodiversité, climat, santé, eau et alimentation, et met en avant des actions concrètes pour agir conjointement sur ces différents enjeux. La bonne nouvelle ? Le Parc national est déjà engagé dans nombre de ces actions.

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a dévoilé en décembre dernier son rapport Nexus, fruit d’une collaboration impliquant 165 experts dans 57 pays. Comme son nom le suggère, le rapport explore les interdépendances entre des grands enjeux planétaires : biodiversité, climat, eau, alimentation et santé (figure A). Mais les auteur.es du rapport ne s’en tiennent pas à ce constat (pas tout à fait neuf). Elles et ils pointent 70 pistes de solutions qui tiennent compte de l’interconnexion entre les grandes crises planétaires. C’est là que cela devient intéressant pour un Parc national tel que le nôtre…

Figure A. Les éléments clés du Nexus (IPBES, Rapport sur les interconnexions entre biodiversité, eau, alimentation et santé, 2024).

Sortir des silos pour penser les interactions

Le rapport souligne que les approches cloisonnées sont souvent contre-productives. Prenons un exemple connu : pour répondre à nos besoins alimentaires, certaines pratiques agricoles intensives émettent de grandes quantités de CO2, épuisent les nappes phréatiques et contribuent au déclin massif de la biodiversité. Or, à long terme, ces effets finissent par affecter la production agricole elle-même (figure B). C’est la leçon du Nexus. Une leçon à prendre en compte si l’on veut ralentir le rythme des pandémies, inondations, mégafeux et autres événements extrêmes qui tendent à se multiplier et s’amplifier en cascade.

Figure B. Exemple d’interdépendances négatives : l’agriculture intensive non soutenable (IPBES, ibid., 2024).

Comme le résume la Britannique Paula Harrison, coprésidente de l’évaluation Nexus, « Les crises mondiales liées à la biodiversité, à l’eau, à l’alimentation, à la santé et au changement climatique s’intensifient souvent mutuellement lorsqu’elles sont traitées séparément (…). L’approche « nexus » tient compte des interdépendances entre ces crises et propose des solutions globales susceptibles d’améliorer les résultats dans de multiples secteurs et systèmes ».

Créer des dépendances positives : 5 actions «Nexus» du Parc national

Comprendre que tout est lié peut paralyser l’action : on se demande par où commencer et comment s’assurer du réel bilan positif de nos actions. À cet égard, l’originalité du rapport est qu’il identifie un large éventail de réponses concrètes et éprouvées, qui permettent d’aborder ces problématiques en synergie, de manière à maximiser les co-bénéfices dans les différents domaines. Cerise sur le gâteau : ces solutions contribuent aux 17 objectifs de développement durable des Nations unies, au Cadre mondial de la biodiversité et à l’Accord de Paris.

En tout, pas moins de 7 actions mises en évidence du rapport Nexus sont au cœur de notre travail (Figure C). Outre la restauration et la conservation des écosystèmes, qui constituent le quotidien de tout parc national, 5 de ces actions valident des orientations fortes du Parc national de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Elles ont toutes un impact massivement positif dans les autres dimensions du Nexus.

Petit tour d’horizon…

  • Le réensauvagement : laisser la nature s’exprimer dans de vastes zones protégées est l’un des moyens les plus efficaces et les moins coûteux de préserver la biodiversité, de stocker le carbone et de réguler le cycle de l’eau. Le Parc national en a fait un projet emblématique avec la création de 1.350 ha de forêt en libre évolution (1768 ha en tout) et la mise en place d’un réseau de forêts à la naturalité renforcée sur 13.300 ha.
  • L’agroécologie : l’agroécologie est la voie royale pour produire une nourriture saine tout en minimisant l’impact sur la biodiversité, le climat et les réserves en eau. Dans ses milieux ouverts, le Parc national mène des actions pionnières en collaboration avec les éleveurs et éleveuses locaux.
  • Reconnecter les humains et la nature : s’immerger dans la nature apporte des bénéfices prouvés pour notre bien-être et notre santé. Mieux connaître la biodiversité incite aussi à mieux la protéger et prendre soin des écosystèmes. À travers ses nombreuses actions de sensibilisation et sa vision écotouristique, le Parc national est pleinement engagé dans cette voie de la reconnexion humain-nature.
  • Une gouvernance collaborative à l’échelle des écosystèmes régionaux : les approches multisectorielles et partenariales démontrent une plus grande capacité à créer des schémas d’adaptation efficients pour les communautés humaines, avec des scores de co-bénéfices élevés dans les cinq domaines du Nexus. À l’échelle de son territoire, le Parc national anime une communauté de 78 acteurs publics, associatifs et privés, qui contribuent à l’intégration harmonieuse de nos actions dans la réalité régionale.
  • L’adaptation basée sur les écosystèmes : les solutions basées sur la nature sont nécessaires pour construire la résilience d’un territoire et faire face aux impacts du changement climatique. En agissant pour des écosystèmes fonctionnelsains et robustes et en y adossant des projets de développement socio-économique, le Parc national et ses partenaires s’efforcent de faire de cette vision une réalité. Un exemple type : la renaturation des vallées, qui contribuent à réduire les impact des inondations et des sécheresses. 

On retrouve ici les trois axes stratégiques portés par le Parc national pour le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse : renaturer, reconnecter et repenser (voir encadré)…

Figure C. Scores d’impact (sur une échelle de -3 à +3) d’une sélection d’options de réponse mises en place dans le Parc national de l’Entre-Sambre-et-Meuse (d’après IPBES, ibid., 2024).

Trois axes stratégiques pour un développement territorial fondé sur la nature :
  • Renaturer : plus de nature et de biodiversité, avec des forêts en libre évolution, des vallées réensauvagées et des milieux ouverts gérés de manière écologique.
  • Reconnecter : plus de liens entre les humains et la nature grâce à des actions de sensibilisation et de participation, et la promotion d’un tourisme nature durable.
  • Repenser : plus de synergies et de résilience, à travers une gouvernance ouverte et collaborative, pour une action transformatrice en faveur d’un territoire résilient et solidaire.

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