Wim Mélis fait partie de notre communauté de photographes pros et amateurs. Il nous offre ici quelques-uns de ses superbes clichés d’orchidacées, qui mettent délicatement en contexte ces fleurs légendaires. Dans ce texte, il partage les émotions de sa quête de beauté, inspirée par l’amour des plantes et le respect de leurs milieux.
UN TEXTE DE WIM MELIS, PHOTOGRAPHE AMOUREUX DE L’ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE.
« La région de la Calestienne, autour de Nismes, est depuis longtemps une attraction pour les amateurs de fleurs sauvages, et plus particulièrement d’orchidées. Certaines espèces peuplent aussi les bois et plaines des alentours, entre Ardenne et Fagne. Photographier ces fleurs délicates, dans des milieux riches en plantes rares, est un défi et une responsabilité… »
« Un joli cadre, un décor authentique, des détails saillants qui reflètent les particularités de chaque espèce : voilà les ingrédients d’une photo d’orchidée réussie. Parfois, cela fonctionne à merveille. Parfois, pas du tout. Il y a toujours un peu de magie imprévisible dans l’équation… »

Orchis bouc (Himantoglossum hircinum), entourée d’une armée gracile de sanguisorbes. ©Wim Melis
« Explorer le territoire à la recherche de ces beautés rares, cela fait partie intégrante de l’expérience. En arrivant dans le Parc national par la N5, en direction de la frontière française, la spectaculaire carrière de Frasnes émerge le long de la route, entre colline calcaire et plaine marécageuse. C’est le signal : le paysage s’ouvre et invite à une exploration toujours nouvelle. Ici une pelouse calcaire (ou calcicole), là une ancienne carrière, ou une prairie de fauche… : cette variété rend l’exploration encore plus passionnante. »


L’ophrys mouche (Ophrys insectifera), une autre orchidée des pelouses calcaires. ©Wim Melis
« Photographier une orchidée demande d’être attentif aux milieux précieux où elle s’épanouit. Les immortaliser de manière responsable exige encore plus… Car la rencontre des fleurs est aussi la découverte de sites vulnérables. Flore et écosystème vont de pair, et ont toujours la priorité sur le photographe et ses clichés. La beauté ne doit jamais nous aveugler : on regarde où on pose les pieds ; on reste sur les sentiers. »

Grande listère (listère à fleurs ovales, Listera ovata). ©Wim Melis
« La patience est une qualité essentielle du photographe. Et cela paie. Au fil de longues balades, on s’en met plein les yeux : de l’orchis bouc, bien visible sur les prairies pâturées par les moutons, au fragile orchis mouche, qui surprend, caché dans les herbes. »

Platanthère (orchis) à deux feuilles (Platanthera bifolia). ©Wim Melis
Le secret des pétales d’orchidées
L’évolution a transformé la fleur des orchidées en un dispositif de séduction diabolique, destiné à leurrer les insectes pollinisateurs. Par un jeu complexe de formes et de motifs, la fleur d’orchidée provoque chez certains insectes une tentative d’accouplement avec l’un de ses pétales. Sans s’en douter, l’animal contribue à l’accouplement entre deux individus d’orchidées…
Les orchidées ont quatre pétales modifiés :
- le labelle = “piste d’atterrissage” pour les insectes pollinisateurs
- l’étendard = “casque” de la fleur
- les ailes = deux pétales latéraux
Les 3 pétales disposés en hélice à l’arrière-plan, chez certaines espèces, sont en réalité des sépales colorés.
« Les sentiers qui se déroulent à l’infini dans le Parc national sont connus des amoureux de la nature. Le paysage y dévoile ses secrets par petites touches. En parcourant les versants de la vallée du Viroin, ou le long de l’Eau noire, à la recherche de fleurs, de papillons et d’oiseaux, des orchidées peuvent émerger : Grande listère (ou listère à fleurs ovales), Platanthère (ou orchis) à deux feuilles, orchis mâle ou encore orchis pyramidal. »

L’orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis) aime le sols calcaires et secs. ©Wim Melis

L’épipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens) pousse sur les sols calcaires secs. ©Wim Melis
« Parfois, une espèce inattendue surgit : l’épipactis pourpre noirâtre, l’orchis brûlé (ou néotinée brûlée) ou l’orchis grenouille (NDLR : ces deux dernières poussent à l’écart des pelouses calcaires)… Elles pointent le bout de leurs pétales* aux abords d’une réserve moins fréquentée. Un bonheur pour le photographe. Dans un coin perdu d’une ancienne carrière surgit l’orchis pyramidal, qui pointe dans un océan les marguerites, animé par la danse papillonnante de l’Ariane (ou Némusien). »

L’orchis brûlé (Neotinea ustulata) apprécie les milieux ouverts, quel que soit le substrat. ©Wim Melis

L’orchis grenouille (Dactylorhiza viridis) aime les prés, hors calcaire. ©Wim Melis
« Toutes les orchidées ne sont pas aussi rares. Parfois, l’orchis moucheron (ou moustique) fleurit en abondance. Ses fleurs délicates, qui s’ouvrent magnifiquement par le dessous, sont caractéristiques. »

Orchis moustique (ou moucheron, Gymnadenia conopsea).
« Même l’orchis homme-pendu, l’ophrys abeille et l’ophrys bourdon, toutes deux des pelouses et bois clairs sur sol calcaire, peuvent apparaître en populations nombreuses : ce sont néanmoins des perles rares, des plantes à chérir. »

Ophrys bourdon (ou frelon, Ophrys fuciflora). ©Wim Melis

Ophrys abeille,(Ophrys apifera). ©Wim Melis

Orchis homme-pendu (Orchis anthropohera). ©Wim Melis
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