
Réserve Biologique Intégrale de Lompret
Près de 1800 hectares de forêts sont désormais placés en libre évolution dans le Parc national de l’Entre-Sambre-Et-Meuse. Cette action, inédite à l’échelle de notre pays, méritait d’être accompagnée d’une étude d’ampleur pour suivre l’adaptation naturelle des forêts face aux effets du changement climatique. C’est chose faite !
Le Parc national ESEM a mandaté Ecofirst, l’Université de Liège – Gembloux Agro-Bio Tech et les Cercles Naturalistes de Belgique pour initier un ambitieux programme de suivi de l’état écologique de ses forêts en libre évolution, notamment face aux risques liés aux dérèglements climatiques. Un monitoring nécessaire, à la hauteur de ce projet pionnier que constitue la création de 1800 ha de réserves biologiques intégrales (RBI).
« Ces zones exemptes d’exploitation sylvicole, vouées à accueillir une biodiversité riche et à assurer des services écosystémiques variés, sont aussi des lieux propices à l’émerveillement, au tourisme de nature, à diverses activités pédagogiques et, évidemment, à la recherche scientifique », explique Nicolas Goethals, chargé de coordonner cette action pour le Parc national.
Le projet s’accompagne donc d’un solide volet de recherche, visant à évaluer l’impact écologique de ces fameuses RBI et à en assurer un suivi scientifique. On commence donc par établir un « T zéro » (T0) – un état des lieux écologique initial – de ces massifs forestiers, pour pouvoir en suivre les dynamiques naturelles à long terme.
Nicolas Goethals explique : « Ecofirst et l’ULiège seront chargés d’établir un protocole de suivi durable, exhaustif et opérationnel, de l’évolution écologique des RBI. Les études de suivi porteront sur la faune et flore ainsi que sur la structure forestière et la connectivité des habitats. » Elles permettront aussi d’évaluer la résilience des forêts en libre évolution face au changement climatique, et notamment leur capacité à continuer de fournir des services tels que le stockage du carbone et la rétention d’eau, la création d’îlots de fraîcheur ou encore la prévention des incendies.
« Grâce à cette étude de long terme, nous comprendrons mieux comment la forêt wallonne évolue naturellement, sans intervention humaine, mais aussi comment elle réagit et s’adapte spontanément aux conséquences des dérèglements climatiques, en mobilisant ses dynamiques spontanées et le potentiel de la biodiversité », s’enthousiasme N. Goethals.
Le travail du consortium consiste à :
- établir une liste d’indicateurs et de protocoles pour le suivi des RBI et un plan d’échantillonnage adapté aux spécificités locales
- dresser un bilan de l’état initial des RBI (« T0 »)
- organiser une formation pour les acteurs qui assureront la continuité du suivi
Le consortium chargé de mener ce projet d’envergure, piloté par Ecofirst et comprend des experts de l’Université de Liège, de Gembloux Agro-Bio Tech et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Il fait également l’objet d’un suivi par des membres du Conseil scientifique du Parc national, du Département de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole (DEMNA) et de l’Instituut voor Natuur en Bosonderzoek (INBO).
Nos autres partenaires impliqués : le Département Études de Natagora et le Département de la Nature et des Forêts (DNF).

Le saviez-vous ? En s’impliquant dans le Parc national, chaque commune partenaire s’est engagée à dépasser les 3% de protection légale des forêts publiques et créer des blocs de forêt en libre évolution, certains atteignant plusieurs centaines d’hectares. Cet engagement a été renforcé par des accords coopératifs pour les 20 prochaines années, garantissant le maintien sur le long terme de ces RBI sur 30 ans.
Pour les spécialistes
Une méthodologie combinant deux niveaux d’observation a été développée :
- des inventaires en plein, réalisés à l’échelle des peuplements, pour détecter de manière exhaustive les éléments biologiques rares ou structurants (micro-habitats, arbres sénescents, bois mort, zones humides, etc.) et caractériser finement la structure forestière notamment à l’aide de données LiDAR ;
- des placettes permanentes incluant, permettront un suivi standardisé dans le temps d’indicateurs de naturalité et de biodiversité (indice de biodiversité potentielle (IBP), bryophytes, lichens, entomofaune, chiroptères, champignons saproxyliques, etc.).
- Ces placettes intégreront des sondes météorologiques pour le suivi des températures et du taux d’humidité au cœur des massifs.
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