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Une espèce de lichen, nouvelle pour la Belgique, a été découverte sur le territoire du Parc national par un scientifique du Jardin botanique de Meise. « Une » espèce ? La question se pose, puisque les lichens sont le fruit d’une association intime entre une algue et un champignon. Deux en un, donc. Explications.

Observer une nouvelle espèce sur notre territoire, c’est toujours un événement spécial. Plus encore quand cette espèce n’est mentionnée nulle part ailleurs en Belgique. C’est donc un de ces moments où on se dit que le travail intense mené avec nos partenaires, dans le but de préserver les paysages et les milieux naturels, mérite bien les efforts déployés.

Apparence modeste, performances hors norme !

La nouvelle espèce est un lichen répondant au nom de Porina rosei. « L’identité du lichen a été confirmée par séquençage ADN », précise Damien Ertz, lichénologue attaché au Jardin botanique de Meise et auteur de l’étude1

« Porina rosei est malheureusement une espèce peu photogénique », reconnaît M. Ertz. Et il est vrai que l’organisme n’est pas spectaculaire : quelques centimètres carrés d’une formation végétale aplatie, aussi modeste en apparence qu’elle est raffinée dans son fonctionnement. Les lichens sont en effet le produit d’une relation symbiotique profonde entre algue et champignon. Les symbioses montrent que souvent, dans la nature, on est plus fort ensemble. Dans le cas des lichens, l’association permet d’ailleurs à des organismes de prospérer dans des milieux où ils n’auraient aucune chance de survie séparément !

« Les symbioses montrent que souvent, dans la nature, on est plus fort ensemble. »

Comment cela se passe-t-il ? Le champignon fournit un support spongieux qui protège l’algue et permet au lichen de résister à des conditions de sécheresse et de froid extrêmes. L’algue, de son côté, apporte de la nourriture grâce à la photosynthèse, ce qui permet aux lichens de se développer dans des environnements très pauvres, comme le désert ou l’Antarctique. C’est pourquoi ils sont très répandus sur notre planète et y sont apparus très tôt (et plusieurs fois).

Les trois morphologies des lichens. De g. à dr. : crustacé, foliacé, fruticuleux. Illustration : © K. Beigel.

Un lichen typique des forêts anciennes

Élément à noter : l’espèce découverte est indicatrice des forêts anciennes. C’est d’ailleurs dans une zone de forêt ardennaise bien conservée, dans la vallée de l’Eau Noire, qu’elle a été observée. 

Voici ce qu’on peut lire dans le compte-rendu publié dans la dernière édition de la revue Dumortiera, éditée par le Jardin botanique de Meise1 :

« District ardennais, vallée de l’Eau Noire entre Rièzes et Baileux, berge gauche (au nord) de l’Eau Noire, au sud-est du Bois de Baileux, un peu en aval du lieu-dit ‘Au pont St Nicolas’, (…) berge schisteuse en sous-bois de feuillus, sur rocher sous un surplomb, 27 juin 2023. »

« Notes. – Ce lichen est nouveau pour la Belgique (…), l’espèce est présente en France (Roux et coll. 2020 ; mais absente de la moitié nord du pays, à l’exception de la Bretagne) et en Grande-Bretagne (Orange et al. 2021), mais elle est absente d’Allemagne, du Luxembourg et des Pays-Bas.

Bientôt un atlas des lichens de l’Entre-Sambre-et-Meuse !

Terminons ce compte-rendu par une belle perspective. 

« Concernant les lichens de l’Entre-Sambre-et-Meuse, je travaille avec un collègue sur un atlas des lichens de cette région depuis des années, un projet bien avancé mais il faudra encore du temps pour le finaliser », nous a indiqué Damien Ertz.

Nous sommes impatients…

Thalle (« feuille ») de Porina rosei, découvert dans la vallée de l’Eau Noire. © 2024 Remacle A & Jacob J.-P.

Vue microscopique des isidies (structures de dispersion) de Porina rosei. ©2024 Remacle A & Jacob J.-P.

Références :

1.Dumortiera 124/2024 : 28-33 — D.Ertz, Quatre espèces de lichens et deux espèces de champignons lichénicoles nouvelles pour la Belgique, et d’autres espèces intéressantes pour le pays.

RAVEN, EVERT & EICHHORN, Biologie végétale. De Boeck, 2014.

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